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1 déc. 2010

Moonlight Sonata - n°8

Le lendemain soir, Alex sonna chez Emma. Elle ouvrit la porte et sourit en le reconnaissant.

- Au moins on peut dire que vous vous impliquez, lança-t-elle presque en riant . Elle retourna à ses occupations à l'intérieur de la maison, en laissant la porte ouverte, ce qu'Alex prit, à juste titre, pour une invitation.

Il eut pendant une fraction de seconde l'envie de s'en aller, mais il n'était peut-être pas encore le moment de faire des blagues. Surtout des aussi bonnes. Aussi, il entra.

Elle occupait un petit appartement au rez-de-chaussé, à droite lorsqu'on entrait. Dans l'entrée, un tapis recouvrait un damier blanc et noir, et continuait jusque dans le salon, quelques pas plus loin. Emma y était assise sur un grand sofa bordeaux, où elle écrivait sur un calepin. La radio, en fond, diffusait un air ronronnant et assez dansant.

- Permettez que je termine ce à quoi j'étais occupée...

Et quand elle eut mis un point à la dernière des phrases qu'elle était en train d'écrire, elle ferma son carnet, et se retourna vers lui.

- Normalement j'aurais boudé quelques jours encore, dit-elle avec malice. Ce soir, je vous aurais fermé la porte au nez, mais j'ai un peu le cafard... Alors vous voir me fait du bien. Mais ne croyez pas avoir gagné non plus.

Alex ne sut pas trop s'il devait se réjouir de cette faveur ou se sentir insulté d'être considéré comme un objet, aussi il ne dit rien, et s'assit à côté d'elle sur le sofa. Elle portait une très jolie robe noire, et des escarpins de la même couleur. Comme souvent, à vrai dire. Mais il fallait reconnaître que cela lui allait à merveille.

Il la regarda dans les yeux, et lui demanda ce qui n'allait pas.

- Pas maintenant. Plus tard.
- Allons danser alors, dit-il en lui prenant la main.
- Laissez moi prendre mon sac, répondit-elle en souriant gentiment.

Et ils étaient dans la rue, marchant l'un à côté de l'autre, vers un dancing qu'ils semblaient connaître tous les deux.

- Pourrais-je vous appeler Alexei ? Je trouve ça plus joli qu'Alex finalement, demanda-telle.
- Très bien, mais tutoyez-moi alors. Et j'en ferais de même, si vous êtes d'accord.
- Marché conclu, assura-t-elle en lui serrant la main avec un grand sourire. J'aime bien serrer la main des hommes. Ca me fait rire, allez savoir pourquoi.
- Et moi j'aime bien serrer la vôtre.
- Oh non, s'il vous plaît, je m'amusais.
- Ne croyez pas que j'essayais de vous séduire. Ce n'est pas ma faute si vous vous croyez irrésistible, plaisanta-t-il.
- Haha, vous reprenez du poil de la bête. Ce n'est peut-être pas exactement ça que ça veut dire, mais vous comprenez. Et puis vous avez raison, je suis très prétentieuse, c'est triste, non ?
- Allons vous faire boire, que les sottises qui sortent de votre bouche soient un peu plus joyeuses, répondit-il en riant.

Et en riant elle aussi, elle prit son bras pour les quelques mètres restants.

Un air assez calme et lancinant les accueillit. Ils prirent un verre, et se faufilèrent entre les autres couples qui dansaient. Emma posa ses bras autour du cou d'Alexei, et celui-ci posa ses mains sur les hanches de la jeune femme.

- Jouons à un petit jeu, vous voulez ?
- Lequel ?
- Hmmm... Et bien... Chacun à notre tour, nous pourrons poser une question à l'autre, et ce jusqu'à la fin de cet air.
- Je vois. Avec grand plaisir. Commencez, si vous voulez.
- Très bien... Votre nom de famille ?
- Kirinov. Alexei Kirinov.
- Ah vous êtes russe ?
- Une question à la fois ! Le vôtre ?
- Cugat.
- Enchanté, Emma Cugat.
- Enchantée, dit-elle en faisant une petite révérence. Que faites-vous dans la vie ? Comme métier je veux dire.
- Je suis journaliste. Enfin c'est un peu compliqué en ce moment. Et vous ?
- En ce moment, pas grand chose. J'ai arrêté mon truc de mannequin, c'était ridicule. J'écris un peu des poèmes, mais c'est un peu ridicule aussi. Un ami m'a dit qu'il pourrait peut-être me trouver quelque chose.
- Oh, je vois. Je pourrais lire ces poèmes ?
- Non, enfin... pas encore. Peut-être un jour, mais dans longtemps. Quand vous serez gâteux par exemple, dit-elle, avec beaucoup de sérieux. Puis elle éclata de rire. A mon tour... Vous êtes célibataire ?
- Oui. Et depuis un certain temps. Vous ?
- Non, pas vraiment. C'est compliqué, murmura-t-elle en regardant dans le vague.

Comme pour la soutenir dans ce moment de fragilité, il resserra son étreinte autour de sa taille. Elle reposa son regard sur lui, avec un sourire un peu confus.

- A votre tour, dit-elle.

Alex, profitant de ce moment d'inattention, tricha et posa une autre question.

- Pourquoi tenez-vous tant à ces objets que j'avais trouvés dans votre manteau ?
- Ah, nous y voilà, sourit-elle. Le livre est mon livre préféré. Sans lui j'ai l'impression de ne pas être tout à fait moi. Et le sifflet... C'est l'homme que j'aime qui me l'a donné.
- Ah oui ? Pourquoi ? s'enquit Alex avec un peu trop de détachement pour masquer le fait que cette information ne le touchait pas.
- Parce que je ne sais pas siffler les taxis. Et qu'il est chauffeur de taxi. C'est pour que je puisse le trouver. Et l'appeler s'il m'arrive quelque chose, mais ça c'est plus une blague entre nous, expliqua-t-elle avec une certaine tendresse dans la voix.

 Un air beaucoup plus tonique que les précédents retentit ― quatre morceaux avaient eu le temps de défiler depuis le début de leur conversation, sans qu'ils s'en aperçoivent ― et les sortit de leur intimité momentanée. Ils cessèrent alors de parler, et dansèrent sans s'arrêter, comme si une interruption pouvait rompre cette sorte d'alchimie qui s'était instaurée entre eux.

5 commentaires:

  1. Peut être un petit souci sur la mise en page,en début du texte... sinon ça avance tout ça... on aimerait poser les questions nous même... ça doit vouloir dire que je suis pris par l'histoire ;)

    L'anonyme n°1

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  2. En fait, très cher anonyme n°1, tu peux poser les questions toi-même, sur la page facebook de Moonlight. Et si tu es allergique à Facebook, tu peux le faire ici, ça marche aussi. Et merci =) (ça va mieux pour la mise en page ?)

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  3. Bonsoir Odalisque!

    suis un petit peu à la bourre pour lire ton feuilleton... mais au moins pour le moment je ne suis pas frustré comme les autres lecteurs qui ont dû attendre impatiemment la suite! ;-)

    Mais je vais faire quand même des pauses pour faire durer le plaisir - parce qu'évidemment cette histoire me plaît -.

    Est-ce que ça a un quelconque intérêt que je te signale quelques coquilles ou autres broutilles? Par ex ici la dernière phrase me gène: temps un peu bizarres, et "arrêtèrent... sans s'arrêter".

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  4. Bonsoir, et bienvenue ^^

    Et oui, oui, signale – souvent je laisse des choses (énormes parfois) passer à la relecture. C'est donc avec une grande reconnaissance que j'accepte les petites remarques du genre, qui évitent de laisser trainer de honteuses fautes et autres problèmes de langue.

    Bonne lecture à toi pour le reste :)

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