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29 déc. 2010

Moonlight Sonata - n°13

9 h, le réveil sonna. Alex l'éteint aussitôt et se leva. Il alla prendre une douche. Il avait légèrement mal à la tête, mais l'esprit clair.
Il repensait à hier et eut honte de s'être laissé aller ainsi. Ecrire de la poésie, et puis quoi encore. Non qu'il trouvât cela ridicule en soit, mais raconter ses peines amoureuses dans des poèmes pleins de sanglots, très peu pour lui. Décidément, cette Emma avait fait de lui une mauviette. Il l'oublierait, et cela serait très bien. Il en avait vu d'autres.

Il sortit de sa douche ruisselant et de bonne humeur, engloutit un croissant avec son café, et sortit voir un de ses amis qui travaillait dans un atelier à quelques arrêts de bus de là. Ils s'étaient rencontrés au journal, pour lequel son ami Carl avait travaillé quelques mois en tant que photographe. Depuis, il faisait des photos de mode, ce qu'il trouvait beaucoup plus lucratif et stimulant.

- Alex ! Ça fait un bail ! Tu as finalement décidé de sortir de ton trou ?
- Oui, il faut croire que j'étais dans une mauvaise passe...
- Ha ! Si tu veux de bonnes passes, je connais quelques adresses, lança Carl en lui donnant une tape sur l'épaule.

Alex lui lança un léger regard de réprobation, et regardant les photos qui séchaient sur le fil, dit :

- Je vois que tu ne t'ennuies pas de ton côté en tout cas, en prenant l'une des photos dans ses mains.
- Ôte tes sales pattes de là, elles sèchent encore, les petites. D'ailleurs, on sort avec Ed ce soir, t'as qu'à venir avec nous. Si vous êtes sages, je vous présenterai peut-être quelques unes de ces dames.
- C'est bien pour te faire plaisir, répondit Alex en riant. Et puis ça fait longtemps que j'ai pas vu Ed. Il est toujours avec sa blonde hystérique ?
- Ouais. Mais il a appris qu'elle l'avait trompé. Il était assez furax dans un premier temps, mais il est dingue d'elle donc il a pas eu les tripes de la quitter. Du coup, ils – enfin, surtout elle, si tu veux mon avis – ont convenu qu'ils allaient se mettre dans une sorte de relation libre, comme ça elle pourrait se taper tous les types qu'elle voudrait... mais lui, il est trop amoureux, donc il se tape rien du tout, et il crève juste de jalousie à chaque fois qu'il l'entend parler à d'autres types... ça m'énerve un peu qu'il accepte de se laisser piétiner comme ça, je t'avoue.
- C'est dingue. Surtout qu'Ed c'était pas le dernier à flirter avec tout ce qui passait dès que sa dame avait le dos tourné...
- Il est vraiment accro à elle en fait ; je t'avoue que c'est aussi pour ça que je voudrais qu'il sorte ce soir. Histoire qu'il voie un peu d'autres horizons. J'aime pas l'infidélité, d'ailleurs c'est pas mon genre, vu que j'ai encore jamais eu de petite amie de longue date, mais j'avoue que je préférais comme il était avant.
- Ça me fait mal au coeur de le voir comme ça.

Carl était un homme plutôt séduisant, sans trop de charme, mais bien fait. Il relevait le col de sa chemise, et s'entourait toujours des volutes de fumée des cigarettes qu'il enchaînait. Il avait un regard perçant, et une chevalière à la main droite. Au début, il n'avait pas fait bonne impression à Alex : il détestait les types qui se donnaient de grands airs de playboys. Mais ils avaient été amenés à se parler, et il s'était vite rendu compte que derrière cette façade se cachait un homme aux principes justes, d'une grande gentillesse et sur qui l'on pouvait compter.

Ils convinrent de se retrouver au bar Leyton, l'un des lieux branchés de la ville, à 21h.

Alex repartit, le laissant travailler dans la lumière rouge qui baignait son labo de développement. Il s'acheta un sandwich dans le centre ville, et partit à son bureau. Il s'y réfugia quelques instants, réfléchit sur ce qui se dirait probablement, et sur les revendications qu'il comptait avancer, et se décida finalement à aller frapper à la porte de son patron.

- Ah Alex, c'est toi. Tu arrives bien. Assieds-toi, dit-il en s'éclaircissant la gorge. Ecoute...

Alex le laissa parler, ne sachant à quoi s'attendre.

- Ecoute, tu as raison, tu as le droit de prétendre à autre chose qu'à la nécro, étant donnés ton parcours et ton profil. D'ailleurs, la veuve Angelo a été très contente du papier que tu as fait. Donc voilà, je te propose un poste de permanent. Tu te chargeras des interviews importantes.
- Très bien, mais je veux aussi couvrir les sujets politiques.
- Alex, j'espère que tu te rends compte qu'on t'offre déjà un bien meilleur poste...
- En même temps, c'est tout mérité après m'avoir laissé moisir trois ans à la nécro, non ?
- Moisir, moisir...
- J'ai perdu patience, voyez-vous. Donc soit je peux couvrir l'actualité politique, soit je vais trouver des employeurs plus reconnaissants ailleurs.
- Je n'aime pas ce ton. Mais soit : je te laisse faire un essai. Si tu te plantes, tu n'auras que les interviews, ce qui est déjà bien. Et si ça se passe bien, voilà.
- Vous ne serez pas déçu, dit-il en sortant, sans attendre d'autres instructions.

Il fit demi-tour et revint dans le bureau.

- Ah, donc je suppose que vous allez me donner un vrai bureau, maintenant ?
- Mais oui, mais oui, vois ça avec ma secrétaire, grommela-t-il en le chassant d'un geste de la main.

Ce qu'il fit immédiatement, et il laissa à celle-ci l'article qu'il avait écrit la veille, afin qu'il soit publié dans le journal du lendemain.

3 commentaires:

  1. ce n'est pas une mauviette c'est un paul eluard!

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  2. Ah Mlle Bodcoeur, vous êtes un poème à vous toute seule !

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  3. bonne dernière journée d'année 2010 et des énormes énormes bisous remplis d'inspiration pour les 365 jours qui arrivent

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